Pendant la deuxième quinzaine du mois d’octobre 2020, le duo Peck et Robbins était présenté sur les planches du Grand-Théâtre. Retour sur la traversée de l’Atlantique de trois pièces originales.
PAZ DE LA JOLLA
créé le 31 janvier 2013 à New-York
Justin Peck, Bohuslav Martinů
Pendant la deuxième quinzaine du mois d’octobre, les ballets de Peck et Robbins étaient donnés sur les planches du Grand-Théâtre. Le rideau s’ouvre et laisse apparaître une troupe de dix-huit danseurs arborant des costumes aux couleurs vives, rappelant le style des années soixante-dix. Justin Peck signe avec cette création une œuvre pleine de vitalité où les danseurs évoluent avec grâce selon les codes de la danse classique tout en y ajoutant une touche de contemporanéité. La musique entraînante et explosive du compositeur tchèque Bohuslav Martinů, parfaitement interprétée par les musiciens de l’Orchestre National, porte et accompagne cette fougue. Le spectateur se laisse porter dans cette journée ensoleillée qui convoque l’imaginaire du rêve californien. L’esthétique de cette pièce n’est pas sans rappeler celle du film primé de Damien Chazelle, La La Land.
Adèle Giraud
IN THE NIGHT
créé le 29 janvier 1970 à New York
Jerome Robbins, Frédéric Chopin
Le noir complet dans la salle aurait pu laisser croire au début d’un entracte. Mais c’est sans compter sur l’apparition du pianiste Michalis Boliakis que tous les regards se sont plongés dans la contemplation du ballet de Jerome Robbins : In the night. Une ode à l’amour, sur trois des Nocturnes de Chopin, qui s’allient parfaitement à la grâce des danseurs du ballet de l’Opéra national de Bordeaux. Un à un, les duos interprètent trois visages de l’amour. Le premier, en mauve, exprime les premiers émois de l’amour et son élan juvénile. Un nouveau duo en gris et rouge fait ensuite une représentation de l’amour complice et harmonieuse. Pour conclure ce moment poignant, un dernier couple dépeint un amour passionnel, où les orages et les déchirements ne rendent les retrouvailles que plus belles. Lors de l’entracte qui a suivi, le public s’extasie : les artistes ont plongé le Grand Théâtre dans une nuit étoilée.
Adèle Troup
LE CONCERT (OU LES MALHEURS DE CHACUN)
créé le 6 mars 1956 à New York
Jerome Robbins, Frédéric Chopin
Au retour de l’entracte, le spectateur s’apprête à entendre à nouveau les pièces pour piano de Chopin. Cette fois, l’ambiance est solaire. La pièce s’ouvre sur une toile de Saul Steinberg : le spectateur découvre le tableau d’une salle de spectacle, dans laquelle un public assiste à la représentation de son propre reflet. Le ballet est jovial, ponctué d’interactions entre les danseurs et le pianiste. A plusieurs reprises, les spectateurs éclatent de rire devant les drôleries des artistes. Robbins nous invite à partager un moment de convivialité, parmi une ribambelle de papillons aux caractères bien trop humains. Une belle façon de dire au revoir au Grand Théâtre avant la nouvelle fermeture de l’établissement.
Manon Houdayer
Crédits photographiques : Julien Benhamou, ONBA, Ballet de l’Opéra National de Bordeaux