Après deux années plus que compliquées pour le cinéma, on espère que 2022 marquera le retour à son niveau pré-pandémie… De grandes chances pour que cela soit le cas, avec d’ores et déjà un très bon mois de janvier (notamment via la sortie moultes fois reportée d’un chef-d’œuvre incontestable) et un mois de février qui s’annonce tout simplement exceptionnel.
❤️ : coup de cœur
(*) : film non-vu
Film du mois : Vitalina Varela (Pedro Costa)
Léopard d’or – Festival de Locarno 2019
Prix de la meilleur actrice – Festival de Locarno 2019
Attention, chef-d’œuvre en vue. Déjà considéré comme le probable film de l’année par une bonne partie de la profession, le nouveau film de Pedro Costa (Dans la chambre de Vanda, Cavalo Dinheiro) est un vertige de cinéma. Le réalisateur portugais y continue son exploration naturaliste et mystique des vestiges de la communauté cap-verdienne à Fontainhas, bidonville aux abords de Lisbonne. Un docu-fiction renversant d’humilité et à la plastique époustouflante (qui n’est pas sans rappeler l’outrenoir de Soulages). Une fois le mirage éteint, une seule question brûle les lèvres : que reste-t-il à filmer après le visage de Vitalina ? Un film qui marquera l’histoire du cinéma.
Semaine du 05/01
- ❤️ Licorice Pizza (Paul Thomas Anderson)
Paul Thomas Anderson (PTA) prouve, encore une fois, que c’est bien lui le patron contemporain du cinéma étasunien (avec James Gray, allez). Quelque part entre ses anciens films Boogie Nights, Inherent Vice et Punch-Drunk Love, Licorice Pizza est une pépite de teen movie, véritable déclaration d’amour au cinéma. Porté par la révélation Alana Haim (membre du groupe HAIM), le nouveau PTA se veut aussi limpide qu’étrange, aussi aérien que lourd de sens. Le chaînon manquant idéal d’une filmographie remarquable.
- J’étais à la maison, mais… (Angela Schalenec)
Prix de la mise en scène – Festival de Berlin 2020
Sec et abrupt, le nouveau Schalenec… est du Schalenec tout craché. Exigeant et rêche, le film vaut tout de même son petit pesant d’or pour celleux qui arriveront à percer son armure théorique (stéréotype du nouveau cinéma allemand). La réalisatrice y déconstruit avec grande intelligence l’image de la « famille parfaite », le tout dans un concept de narration tortueux et pour le moins audacieux. Mention spéciale pour la scène d’introduction, pur moment d’abstraction à la beauté saisissante.
Semaine du 12/01
- ❤️ Vitalina Varela (Pedro Costa)
Semaine du 19/01
- (*) Michael Cimino, un mirage américain (Jean-Baptiste Thoret)
Programmé entre le 17 et le 27 février 2022 à Bordeaux. Séance évènement le mardi 15 Février à 20h à l’Utopia, en présence du critique et réalisateur Jean-Baptiste Thoret.
Le grand critique de cinéma Jean-Baptiste Thoret remet sa casquette de documentariste avec ce nouveau long-métrage focalisé sur le réalisateur Michael Cimino (Voyage au bout de l’enfer, La Porte du Paradis), figure majeure et maudite du cinéma américain, sa carrière marquant à la fois l’apogée et la disparition soudaine de cette période prospère que fut le « Nouvel Hollywood ».
Mardi 25/01, 20h
❤️ Séance évènement à l’Utopia : Les Bruits de Récife (2012, Kleber Mendonça Filho) en présence du réalisateur
Avec Les Bruits de Récife, Kleber Mendonça Filho a posé les bases de son style fascinant dès son coup d’essai. Rarissimes sont ces premiers films aussi singuliers et aboutis. Déambulation virtuose dans un quartier résidentiel de Récife, le long-métrage happe par son ambiance unique, à traiter des frictions entre classes sociales via l’urbanisme, sujet sous tension contrebalancé par une belle nonchalance et une aura presque fantastique (John Carpenter n’étant jamais bien loin). Une sacrée prouesse sonore et de gestion de l’espace ; un grand film des années 2010.
Depuis, le réalisateur brésilien a brillé en Compétition Officielle du Festival de Cannes à deux reprises, en 2016 avec le sublime Aquarius et en 2019 avec Bacurau (Prix du Jury). Courtisé par les plus grands festivals et considéré par beaucoup comme une des grandes figures montantes du cinéma mondial, sa venue à Bordeaux est un évènement à ne surtout pas manquer.
Semaine du 26/01
- ❤️ Municipale (Thomas Paulot)
Sélectionné à l’ACID – Festival de Cannes 2021
Drôle d’objet filmique que voilà. Ni vraiment fiction, ni vraiment documentaire, Municipale est un paradoxe à lui tout seul. Que se passe-t-il quand un candidat à une élection municipale, bataille théâtrale déguisée, se trouve être véritablement acteur de métier ? Et qu’il ne souhaite pas garder le pouvoir s’il est élu ? Le film fascine par sa forme hybride, sa posture ludique faisant de lui un manifeste plus que pertinent sur l’idée d’imposture, en politique comme au cinéma. Derrière le jeu de dupes se cache donc avec Municipale un film profondément politique. Et en plus ça se passe dans les Ardennes (cocorico).
- (*) Un monde (Laura Wandel)
Prix FIPRESCI – Section « Un Certain Regard » – Festival de Cannes 2021
Le prix FIPRESCI (Fédération internationale de la presse cinématographique) d’un grand festival étant sûrement le prix le plus intéressant à regarder (avis souvent plus « juste » que celui d’un jury à paillettes), le premier film de Laura Wandel sur fond de harcèlement scolaire attire les curiosités de par cette prestigieuse récompense qui lui a été donnée. Tout simplement.
- (*) Irradiés (Rithy Panh)
Compétition – Festival de Berlin 2021
Prix du meilleur documentaire – Festival de Berlin 2021
Rithy Panh, grand documentariste franco-cambodgien revient en salles avec Irradiés, poème visuel autour des massacres de l’histoire, étant lui-même rescapé du génocide des khmers rouges. Toute sa vie, il aura traité de ce sujet dans ses films. Une proposition expérimentale d’une grande puissance selon les premiers retours.
Rithy Panh fait aussi l’actu via prochain film Everything Will Be Ok, venant d’être sélectionné il y a quelques jours à la Berlinale 2022, en compétition.