Crédit photo : Jeanne Delval
Avance, n’aie pas peur, et entre donc. A peine as-tu pénétré que le rythme décomposé d’une batterie t’attrape et te transporte dans un univers qui n’est pas le tien. Rosa Barba investit La Nef du CAPC, du 17 novembre 2016 au 25 mars 2017, décomposant et recomposant le médium du cinéma avec l’exposition De la source au poème.
Perdu, tu déambules sur les lieux. Tu ne sais vers quel côté aller. La lumière et le son ont envahi l’espace. Comme décrit sur le Sea Sick Passenger, tu tangues, incertain. Message en feutre posé sur le sol, la lumière révèle la matière, les lignes se déchiffrent et les mots se dévoilent, mais la parole reste illisible. Il te faut bouger, te déplacer pour découvrir le texte et interpréter une narration. Autour de toi, les écrans se multiplient, dégageant autant d’images abstraites que narratives. Le film De la source au poème repense les lieux de mémoires culturelles. Ne reste pas simple observateur, passe derrière l’écran afin de voir les réelles images du film. Retourne-toi ! Sculpture visuelle et sonore, les projecteurs te révèlent leurs secrets, ouvrant devant tes yeux le mouvement perpétuel et sans fin des bobines. Les pellicules se déroulent et s’enroulent en un roulement incessant. La fabrique du cinéma est là, devant toi. Inévitablement, tu deviens partie intégrante de l’ensemble. Tes ombres se projettent sur les écrans, animant l’oeuvre et se déplaçant avec toi. Au rythme inquiétant de la batterie, les façades s’animent. Tout est là, Hear, There Where the Echoes. La lumière jaillit, traversant des vitraux jaune et rouge, révélant dans un flash, images et couleurs.
Rosa Barba interroge le cinéma. Elle le sculpte et le dévoile dans sa partialité recréant une temporalité, une perception. Mais rien n’est entier, tout n’est que partiellement montré. Aucune image, aucun son, aucun texte n’est complet. C’est toi, toi qui par tes pensées, divagations ou réflexions, permets à l’exposition de s’animer réellement et de prendre toute son identité.
L’as-tu retrouvé ? Le poème que l’artiste a tenté d’écrire au creux des pierres ?
Article écrit par Jeanne Delval